Les canadiens français sont-ils français ?

 
Jacques Cartier, premier explorateur des terres intérieures d’Amerique du Nord, qui a revendiqué le Canada pour la couronne française - Théophile Hamel, 1844

Jacques Cartier, premier explorateur des terres intérieures d’Amerique du Nord, qui a revendiqué le Canada pour la couronne française - Théophile Hamel, 1844

 

Ecrit par Louis-Martin M.

Alors dans un premier lieu, soyons d’accord sur ce qu’est un canadien français. À la première écoute nous pourrions déduire que le canadien français n’est qu’un synonyme pour qualifier un québécois, mais ce n’est pas si simple que ça. Depuis 1763, date de la signature du traité de Paris qui redessina les frontières des colonies en Amérique du Nord entre les Anglais, les Espagnols et les Français, là où, par manque d’intérêt et par cause de crise politique, les Français céderont la Nouvelle-France (qui s’étendait de Terre-Neuve jusqu’en Louisiane) aux Anglais. Les canadiens français sont une ethnie à part que l’on trouve effectivement à grande majorité au Québec mais aussi en minorité au Nouveau-Brunswick (Les Acadiens), au sud de l’Ontario, à Terre-Neuve aux États-Unis (Les Cadiens).

Après le traité

Quelques mois après la signature du traité, en octobre 1763 est signé la proclamation royale par le gouvernement britannique. Cette proclamation visait à assimilé les Canadiens français et de pacifier les relations avec les autochtones. Mais également pour s’assurer de la fidélité de ces peuples contre les treize colonies (plus communément appelée États-Unis aujourd’hui) avec qui les relations se dégradent. Cette proclamation créa la Province of Québec. Un semblant de droit de culte est instauré et toute personne autre que protestante n’est pas autorisé à pratiquer les métiers des hautes fonctions de la province. Un gouverneur est nommé par la couronne anglaise pour gouverner la province et les lois civiques et pénales françaises sont remplacées par les lois britanniques. Les canadiens français sont seules face à la première puissance coloniale mais reste néanmoins indomptable et le catholicisme romain est toujours pratiqué par les canadiens français.   

L’Acte de Québec

Face à cette réalité qu’était le choc entre les deux peuples, les canadiens-français ayant gardé les codes d’une société catholique française, le gouverneur James Murray (qui fût le premier gouverneur du Québec) ainsi que son successeur Guy Carleton commencèrent à se passer de la politique coloniale britannique et entreprennent une politique de laisser-faire en faveur des Canadiens-français. En février 1774, sous les avertissements de Guy Carleton aux autorités de Grande-Bretagne que le Québec est « une province différente des autres, et ses circonstances particulières ne peuvent être ignorées », Alexander Wedderburn, avocat général pour l’Angleterre et le pays de Galles, commence à rédiger un projet de loi devant remplacer la proclamation royale. Ce qui donnera naissance à l’acte de Québec qui sera inspiré des expériences et de la politique de James Murray. L’acte de Québec est d’abord adopté par la Chambre des communes, puis, plus tard, par la Chambre des Lords. L’acte reçoit la sanction royale en juin 1774 et est adopté le 1er mai 1775. L’acte instaure un vrai droit de culte permettant aux canadiens français de pratiquer librement le catholicisme romain et rétablie les lois civiques française, les lois juridiques britanniques restent cependant en place.

Conflits contre les treize colonies et la loi constitutionnelle

En 1775, les treize colonies envahissent la province et assiège Montréal et Québec mais dû à un renfort britannique et ravagé par la vérole, les américains se retirent et déclare leur indépendance en 1776. Cette indépendance causa l’immigration de plusieurs loyalistes dans la province et changea la démographie de celle-ci. Pour plaire à ces nouveaux arrivants (qui ont déjà aidé à la formation de la province du Nouveau-Brunswick et à la division de la Nouvelle-Ecosse), la Grande-Bretagne change encore la constitution en 1791 et scinde la province en deux : le Haut-Canada (le sud de l’Ontario et le sud du Québec actuel) peuplé en majorité de Canadien anglais et de loyaliste, et le Bas-Canada (qui est le Québec et Terre-Neuve actuel) peuplé de Canadien-Français. Chaque entité aura son propre conseil législatif et exécutif, mais aucune décision ne pourra être prise sans l’accord de la couronne britannique. La colonie est maintenant composée du Haut et du Bas Canada, du Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et l’île du Price Édouard.

Après la guerre de 1812

Après la guerre de 1812 qui opposait les États-Unis et le Canada qui fût une victoire écrasante du Canada, un désir d’union pour rendre la Canada plus fort se fît sentir. Le Canada réclama le droit de s’administrer mais la Grande-Bretagne refusa le pouvoir exécutif de la colonie. En 1822 un projet de loi d’union est déposé aux communes de Londres. Louis Joseph Papineau, chef du parti canadien (parti très majoritairement composé de canadien français) s’oppose à l’union car les canadiens français en serait représenté comme une minorité.

La première rébellion

En 1826, le parti canadien (avec Louis Joseph Papineau à sa tête) se radicalise devient le parti patriote, le parti dénonce l’ingérence de la colonie par les Anglais et les haut-fonctionnaire du Bas-Canada composé de britannique. En 1834 Louis Joseph Papineau soumet un mémoire à l’Angleterre : les 92 résolutions. Ce mémoire contient les désirs des canadiens français comme par exemple le contrôle du budget de leur chambre d’assemblée ou encore l’élection des membres du conseil législatif toujours élu par la Grande-Bretagne. En 1837, la Grande-Bretagne répond de façon très provocante par les 10 résolutions de Russell qui refuse toutes les demandes des canadiens français autorise le gouverneur à puiser dans le trésor sans consulter les députés. Suite à cette réponse le parti patriote organise des rassemblements pour inciter le peuple a boycotté les produits anglais. Après l’interdiction des regroupements par les anglais, les patriotes créent une milice armée appelée « les patriotes » pour obtenir l’indépendance mais ce conflit se fini par une défaite des patriotes. En 1838 une nouvelle tentative de prise de pouvoir par la force sera faite mais aboutira à une autre défaite et 12 patriotes seront pendus publiquement pour servir de leçon. En 1840, les deux Canada s’unissent, ce qui rend l’anglais la seule langue officielle au Canada et unie la dette nationale qui était beaucoup plus élevée du côté du Haut que du Bas. Avec le temps, les minorités canadiennes française vivant dans les provinces autres que le Québec se feront écraser démographiquement et aujourd’hui très peu d’entre eux parlent encore français.

Le reste de 19e  

Suite au rapport Durham, qui était une enquête des circonstances de la rébellion et qui reconnue les canadiens français comme étant un peuple, la cour britannique a reconnue l’innocence de l’église dans la rébellion. Ainsi L’église prend une place importante dans la politique de la provine et les institutions publics. Ce modèle fut accepté par les canadiens français pendant longtemps puisque de toute façon, l’église a été une des seules façons de s’affirmer contre les britanniques. Les canadiens français, s’étant forgé une mauvaise réputation avec la révolte, deviennent la dernière priorité de la colonie. Il devient difficile de s’instruire et de se trouver un travail dans un Québec peu industrialiser. A partir de 1850, beaucoup de canadiens français tentent leur chance chez le voisin américain où certain reviendront plus tard sans-le-sou, et d’autres s’enrichiront.

La crise d’octobre

Au début des années 60, le mouvement indépendantiste se fait sentir dans la province. En 1963, un groupe paramilitaire aux idées marxistes se forme ; le FLQ (Front de Libération du Québec) après plusieurs crimes commis dans le but de s’armer et de renforcer son influence chez le grand public, le 5 octobre 1970, le FLQ kidnappe James Richard Cross, conseiller commercial de la Commission commerciale britannique à Montréal.  Ensuite de manière à souligner leur détermination, les terroristes enlèvent également, le 10 octobre 1970, Pierre Laporte, ministre du Travail et de l’Immigration qui fût retrouvé mort dans le coffre d’une voiture le 17 octobre. Cette crise fût très brève mais claqua la porte fort derrière elle, ce qui insista le peuple québécois à continuer sa lutte démocratiquement avec le parti québécois qui fît trois référendums dont les deux premiers (1980-1992) furent des échecs lamentables et celui de 1995 où seulement un écart de 0,60% stoppa le rêve d’un Québec indépendant et souverain. D’une terre pour les canadiens-français.

Alors sont-ils français ?

Tout au long de leur histoire, les canadiens-français ne se sont pas rebellés face aux institutions britanniques au nom du roi de France ou de la patrie française. Ils se rebellèrent par conservatisme des codes qu’ils se sont créés à partir de leurs racines françaises mais également par fierté de parler cette sublime langue qu’est le français. En l’absence des colons français, les canadiens français se contentèrent de jouir de leurs récoltes et de défendre leur droit de culte. Les terres à majorité canadienne française étaient à 85% rural, les traditions et la culture canadienne française (représenté au Québec que l’on connait aujourd’hui) est apparue d’elle-même. Aujourd’hui les québécois considèrent que parler français est un privilège, un trésor culturel préservé depuis trois siècles face aux voisins anglophones qui ont tentés de les assimilés.

Sources :

https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/quebec-act

http://www.alloprof.qc.ca/bv/pages/h1155.aspx

https://www.youtube.com/watch?v=zo_5V54XsHs&t=1849s

http://www.assnat.qc.ca/fr/patrimoine/lexique/proclamation-royale-(1763).html

https://histoire-du-quebec.ca/flq/

Une histoire du Québec en photos de Hélène-Andrée Bizier 

Une histoire du Québec de Jacques Lacoursière