Les sœurs latines : pourquoi la France doit renouer avec l’Italie

 
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L’Italie est un des laboratoires de la politique. Beaucoup des théories nées dans la « Botte » ont ensuite été mise en application dans l’« Hexagone », le plus souvent au plus grand bénéfice de la France. Ainsi, les Romains ont apporté dans les Gaules leur droit, leur concept de citoyenneté, leur organisation de l’Etat qui imprègnent toujours notre façon de concevoir la chose publique. L’humanisme puis le machiavélisme ont marqué leur temps comme doctrine philosophique et politique sous les règnes des Rois Très Chrétiens et les mandats de leurs cardinaux-ministres. De même que la France après la Seconde Guerre mondiale, l’Italie a pleinement joint l’aventure européenne, en y perdant des plumes. Mais, ces échanges ne sont pas à sens unique. Charles VIII, Louis XII puis François Ier impressionnèrent les Italiens par leur sens de la diplomatie et leur art de la guerre comme à Fornoue…. Bonaparte brisa les chaînes du peuple asservi par des monarques autrichiens. Sous la Révolution et l’Empire, les habitants de la Botte s’habituèrent à vivre sous les mêmes lois et retrouvèrent les mots de l’ancienne grandeur romaine tandis que des légions de volontaires se battaient avec leurs frères latins de la Grande Armée, pour la première fois sous les couleurs nationale vert, blanc, rouge.

Ces sentiments invincibles allaient immanquablement mener au Risorgimento. Cette union de toute l’Italie en un seul Etat n’a pu se faire qu’avec le concours de la France de Napoléon III. Sans l’armée française, Magenta et Solferino n’auraient jamais été des victoires.

Néanmoins, les relations franco-italiennes sont ensuite marquées par des disputes et des malentendus inutiles suivis de retrouvailles triomphantes. Pour des raisons de politique interne, l’empereur Napoléon III s’est retrouvé à défendre absurdement les Etats pontificaux. Sans cela, la France aurait au moins l’Italie à ses côtés en 1870 en face de la Prusse et de ses affidés. Cela n’a pas empêché Garibaldi de venir se battre avec ses chemises rouges alors que les casques à pointes assiégeaient Paris et se déversaient sur le pays.

D’autres tensions amenèrent ensuite Rome à entrer dans une Triplice avec l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie, son ennemie naturelle. Cela n’empêcha pas le sentiment pro-français de devenir majoritaire dans l’opinion publique. En 1915, c’est bien au côté des Alliés que les Italiens participèrent au conflit. Ils se révélèrent décisifs sur la Piave et à Vittorio-Veneto, bien plus que les Américains. Las, sous pression de Wilson, les Alliés renoncèrent à honorer toutes leurs promesses envers Rome. L’amertume née de cette « victoire mutilée » poussa l’Italie vers le fascisme….

Aujourd’hui comme hier, la France et l’Italie sont des sœurs latines. Tous les antagonismes entre Rome et Paris n’ont mené qu’à la déconfiture de l’un de deux alors que le travail main dans la main des deux puissances s’impose comme une référence. La culture, la géographie, l’histoire commune en font des partenaires géopolitiques. Par exemple, les deux pays ont des intérêts dans la stabilisation de l’Afrique, dans la résolution des problèmes migratoires.

Au sein des institutions européennes, les deux nations veulent changer un système façonné et dominé par l’Allemagne. D’ailleurs, alors que la marine française manœuvre avec son homologue grecque contre la flotte turque, ce ne sont pas des navires allemands qui ont rejoint les Européens mais des navires italiens.

Il est temps de tirer les conclusions de l’échec du couple franco-allemand. La diplomatie française devrait se réorienter vers des partenaires qui correspondent aux ambitions et à l’action de la France.