Qu’a donc l’Eglise Sainte-Anne à Jérusalem de si particulier pour pousser à bout les dirigeants français ?

 
Emmanuel Macron et le Prémier Ministre Israélien - Reuters

Emmanuel Macron et le Prémier Ministre Israélien - Reuters

 

Vingt-quatre ans après les célèbres images de Jacques Chirac criant dans un mauvais anglais « You want me to take my plane and to go back to France ? » le 25 octobre 1996, Emmanuel Macron nous a offert des images similaires lors de son voyage à Jérusalem, devant l’Eglise de Sainte-Anne, comme son prédécesseur. Qu’a donc ce lieu de si spécial pour pousser à bout nos dirigeants français ? Décryptage.

Sainte-Anne est une église catholique située dans la vieille ville de Jérusalem. Elle fait partie du domaine national français en Terre Sainte (avec le Tombeau des Rois, l’église de Pater Noster et l’abbaye Sainte-Marie de la Résurrection d’Abu Gosh). C’est en 1856, après la guerre de Crimée, que la France s’est vue offrir de la part du Sultan Abdülmecid Ier cette église pour avoir prêté main forte à la Turquie. Sainte-Anne devenait alors propriété française.

Tout a commencé en 1996 lorsque Jacques Chirac entame sa toute première visite de Jérusalem en tant que Président français. Ce dernier s’emporte une première fois à cause du trop important service de sécurité israélien qui l’empêche de saluer les palestiniens comme il le souhaite. Il prononcera alors cette première phrase, restée culte : « You want me to take my plane and to go back to France ? » (« Vous voulez que je reprenne mon avion et que je retourne en France ? ») C’est ensuite devant l’Eglise Sainte-Anne que le Président se fâchera. La raison ? La présence de soldats israéliens à l’intérieur de ce site sacré français. Chirac rétorque alors : « Je ne veux pas de gens armés en territoire français. J’attendrai. »

Et c’est quasiment la même situation qui vient de se reproduire pour Emmanuel Macron. Des policiers israéliens bloquant l’entrée de l’Eglise, notre Président actuel s’est très vite emporté. La touche comique revenant à son accent français, rappelant nettement celui de son devancier : « Sortez je vous prie, personne n'a à provoquer personne, c'est compris ? (…) S'il vous plaît, respectez les règles établies depuis des siècles, elles ne changeront pas avec moi, je peux vous le dire. C'est la France ici, et tout le monde connaît la règle. » Le passage s’est alors très vite dégagé et Emmanuel Macron a pu continuer sa journée normalement.

Toutefois, cet évènement n’est pas anodin. Vingt-quatre ans après le premier épisode, les venues des Présidents amènent de nombreuses tensions et insécurités. La situation israélienne reste extrêmement instable, surtout à Jérusalem où les incidents perdurent, la ville se trouvant au coeur du conflit israélo-palestinien. Durant ces derniers mois, plusieurs attaques au couteau ont été recensées. L’attitude similaire des services israéliens à plusieurs décennies d’écart n’est donc pas si étonnante étant donné le peu d’évolution du climat politique.