Vers un retrait américain d’Afghanistan ?

 
Le représentant spécial américain Zalmay Khalilzad et le chef politique des talibans afghans Abdul Ghani Baradar signent un accord historique le 29 février 2020 à Doha - AFP

Le représentant spécial américain Zalmay Khalilzad et le chef politique des talibans afghans Abdul Ghani Baradar signent un accord historique le 29 février 2020 à Doha - AFP

 

Le samedi 29 février 2020, les délégations américaine et talibane ont signé un accord qualifié d’ «historique» par les commentateurs. Cette signature s’est produite à Doha où des négociations avaient lieu entre plusieurs délégations sur l’avenir incertain, la guerre épuisante et la paix espérée en Afghanistan.

L’accord prévoit le retrait de toutes les troupes étrangères, en majorité des troupes américaines, de l’ensemble du territoire afghan en 14 mois. En outre, à partir du 10 mars, un cessez-le-feu permanent doit ouvrir la voie à une négociation de paix interafghane. Une cessation des hostilités serait proclamé entre toutes les factions qui se déchirent le pays.

D’emblée, le secrétaire d’Etat américain, le secrétaire général de l’OTAN et les responsables d’autres délégations ont assuré soutenir les forces gouvernementales tout au long du processus. C’est un avertissement sans frais adressé aux talibans : une reprise unilatérale des hostilités ne se fera qu’à leur détriment….

L’Afghanistan est une forteresse naturelle. Macédoniens d’Alexandre le Grand, Anglais de la reine Victoria et Soviétiques de Brejnev s’y sont cassés les dents. Après 18 ans de présence, les Américains semblent suivre le même chemin. Pour le président Donald Trump, cet accord lui permet de ramener les boys au pays, une de ses promesses phares en matière de politique étrangère.

Dans les faits, faute d’objectifs clairement définis et réalisables avec des moyens suffisants, une victoire ne peut jamais être obtenu. A ce moment-là, le conflit s’enlise inévitablement. L’armée américaine n’a plus depuis longtemps, en dépit de ses formidables capacités, la volonté politique de contrôler l’Afghanistan. De leur côté, les talibans n’ont plus les forces suffisantes pour affronter en bataille rangée les soldats de l’Oncle Sam. Un tel accord était inévitable.

Néanmoins, même si un retrait américain est inévitable, la suite est difficilement prévisible. Les talibans deviendront-ils une force politique abandonnant les armes pour les urnes ? Le gouvernement actuel mènera-t-il une politique de réconciliation nationale ? Des puissances étrangères pourraient-elles profiter du vide pour s’établir, notamment le Pakistan ou la Chine ?

L’avenir afghan est incertain. Mais, contrairement aux Etats-Unis, la France devrait se concentrer sur la stricte défense de ses intérêts et non rêver à l’installation d’un chimérique «régime occidental» sur la terre des mollahs.